56

Le comte de Nissac et Henri de Plessis-Mesnil, marquis de Dautricourt, entrèrent dans Paris par la Porte Saint-Martin à quatre heures de relevée.

Ils venaient tous deux en reconnaissance, madame de Santheuil et les Foulards Rouges attendant à moins d’une lieue de la capitale.

Nissac se sentait mal à l’aise et la raison n’en était point que Paris fût ville de la Fronde. Pendant leur marche, les deux hommes avaient échangé quelques paroles sur les campagnes désolées, puis le jeune marquis en vint à parler de ses amours :

— J’aime, monsieur, femme très jolie mais hélas du parti de la Fronde.

Le comte réfléchit à ces paroles.

— Monsieur, querelle politique ne sépare point durablement ceux qui s’aiment. À ce propos, vous aime-t-elle en retour, car n’est-ce point là la seule question qui vaille ?

— Je le crois, sans être affermi en cet état par preuve qui ne laisse point place au doute. Un aveu, par exemple. Mais nos regards sont doux et ardents.

— Je connais fort bien cet état ! répondit le comte en souriant à la pensée de Mathilde de Santheuil.

Le jeune marquis, qui paraissait ému d’avoir évoqué celle qu’il aimait et, par ailleurs, touché de l’intérêt que le comte de Nissac portait à ses affaires, lâcha un instant la bride à son cheval et, le geste large, prit à témoin le ciel d’un bleu limpide :

— Ah, Charlotte, comme on vous aime !…

Le comte sursauta. Il avait beau se convaincre qu’en tout le royaume des Lys il se trouvait certainement plus d’une Charlotte qui fût du parti de la Fronde, un doute le prit :

— Charlotte !… Il en est plusieurs, me semble-t-il, qui aient quelque grâce.

— Sans doute, mais il n’en est point une qui ait la beauté de Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de Luègue !

Nissac hésitait sur la conduite à tenir. Il devait absolument conserver bon esprit en les rangs des Foulards Rouges appelés à affronter bien des dangers. Mais il se faisait une haute idée de l’honneur d’un gentilhomme qui ne doit point mentir, fût-ce par omission, à un ami.

Il s’éclaircit la voix :

— Marquis, j’ai connu autrefois la duchesse de Luègue. En des circonstances particulières, et pour un temps très bref. Elle était alors bien jeune et, pour m’avoir vu lors d’un duel en les jardins du Palais-Royal, pensait sans doute que n’étaient point révolus les temps de la chevalerie ancienne. Moi, j’étais fort sot, imaginant, sur des paroles mal comprises, que la femme que j’adorais me mentait en aimant ailleurs. La connaissance que le duchesse et moi eûmes l’un de l’autre n’excéda point quelques heures, et nous ne nous sommes jamais revus.

Le marquis arrêta son cheval et, cherchant le regard du comte, posa une main légère sur l’avant-bras de celui-ci :

— Cher comte, cette histoire ne m’était point inconnue, toute la Cour, à l’époque, ayant eu à connaître l’aventure dont vous parlez.

— Mais alors ?… questionna Nissac.

— J’attendais… J’espérais tenir cela de vous-même.

— C’était donc un piège ?… C’est insultant !… remarqua froidement le comte.

— Ne l’entendez point ainsi, je ne désirais pas vous blesser !… Je brûlais de savoir si votre amitié serait assez forte pour trouver en ses racines le rare courage qui fut le vôtre car tel récit n’est point facile d’un homme qui posséda une femme à un autre homme follement épris de la même femme.

— Allons donc ! répondit Nissac, assez gêné.

— J’insiste, cher comte. Il entrait en ma manière de procéder attitude feinte et sans sincérité mais soyez assuré que l’objectif poursuivi n’était point vil : je désirais vous admirer une fois encore car je ne doutais point de vous un instant.

— Allons donc, monsieur, balivernes, que tout cela. Je ne voulais pas mésintelligence entre nous et vous pouvoir regarder en face.

— C’est encore très flatteur, cher comte, et je vous en remercie.

Ils reprirent leur traversée de la capitale au pas lent de leurs chevaux. Le marquis, cependant, précisa :

— Charlotte prend souvent nouvel amant mais je n’en suis point jaloux. Je crois qu’elle cherche ce qu’elle n’a point encore trouvé… ou qu’elle a perdu… et que je lui donnerai sans doute car je l’aime sans calculs, sans la vouloir changer si elle ne le désire point. Il faut avoir le courage d’aimer telle qu’on vous plut, fût-ce avec mauvaise réputation.

— Voilà paroles fort sages, marquis, et qu’on n’attendrait point de votre jeunesse.

— Cher comte, c’est qu’elles me sont dictées par une passion jusqu’ici sans aboutissement mais qu’éclaire l’espoir comme un falot en la nuit.

Ils arrivèrent peu après en l’hôtel de Carnavalet et l’endroit séduisit aussitôt le comte, comme les deux serviteurs, créatures entièrement acquises à Jérôme de Galand en sa police secrète.

Nissac admira le dessin du portail, dû à Pierre Lescot, et les sculptures que Jean Goujon avait réalisées en ce même portail. Mais, bien vite, son attention se concentra en un seul point : pourrait-il loger tout son monde ?

La réponse fut bientôt évidente et Nissac eut précisément en tête la disposition exacte des lieux. Ainsi, sur rue, de part et d’autre du portail se trouvait une première cour flanquée de deux pavillons, l’un contenant une grande cuisine, l’autre les écuries.

Puis venait la très vaste cour d’honneur qu’un petit mur séparait d’une troisième cour, dite des écuries. Sur l’un des côtés, partant des cuisines, courait une longue galerie dotée de combles à lucarnes qui aboutissait au corps de logis, l’hôtel en lui-même, divisé en quatre espaces : un cabinet de travail, une chambre vaste, une chambre plus modeste et une grande salle. Sans parler des greniers où l’on pouvait loger deux fois l’effectif des Foulards Rouges.

Redescendu en la cour d’honneur pour y vérifier un dernier détail, Nissac eut la surprise d’y découvrir Jérôme de Galand en son habit noir avec, quelques pas en arrière, le lieutenant Ferrière et deux jeunes officiers de la police criminelle.

Le comte et le baron ne cachèrent point la joie qu’ils éprouvaient à se revoir mais bientôt Jérôme de Galand entraîna son ami à l’écart.

On les vit ainsi discuter longuement, aller et venir en la cour d’honneur, sourire et s’inquiéter. Un instant, le comte de Nissac mima dans le vide à gestes précis un espace dont seul Ferrière eut la rapidité d’esprit de comprendre qu’il se trouvait à double issue et devait poser quelques problèmes au comte.

Pour tous ceux qui, sans rien entendre, assistaient à la scène, il n’était point douteux que le général d’artillerie et le général de police mettaient au point quelque périlleuse affaire impliquant les Foulards Rouges aux dépens de la Fronde.

Puis, les deux hommes semblèrent enfin d’accord et revinrent vers Ferrière et le marquis de Dautricourt en changeant de sujet.

— Et l’Écorcheur ? demanda le comte de Nissac.

— Il a recommencé. Par deux fois. Il écorche avec moins de vigueur que voici trois ans mais a répandu du soufre sur le cadavre de la dernière victime.

— Du soufre ?… Dans quel dessein ?

Galand haussa les épaules en signe d’impuissance.

— J’en suis réduit aux hypothèses, la chose va de soi. Mais, voyez-vous, le soufre est condensation de la matière de feu et celui-ci, de tout temps, inspira ceux qui veulent entretenir commerce avec le diable.

— Voulez-vous dire que l’Écorcheur place ses folles actions sous pensées démoniaques ?

— C’est fort possible. Au fond, cher comte, nous savons tous deux, pour avoir vu les cadavres, que cet homme est fou. Dès lors, qu’il le soit plus encore que nous ne l’imaginions ne change rien qui fût décisif.

— Mais la chose rend-elle plus aisée votre enquête ?

— Ce n’est point impossible. Ceux qui rendent hommage à Satan ne sont point si nombreux et font appel à des imposteurs connus de notre police… Nous verrons bientôt.

— Espérons. La Fronde suffit bien à notre malheur.

Galand jeta un regard à ses hommes, puis entraîna Nissac à l’autre extrémité de la cour d’honneur :

— Ici, nos affaires sont en meilleure voie.

— Je n’ai point remarqué !… Baron, je viens de traverser Paris, la Fronde y règne partout en maîtresse absolue de la ville.

— La Fronde, oui. Monsieur de Condé, moins aisément.

— Qu’entendez-vous par là ? demanda Nissac, vivement intéressé.

Le policier hocha la tête d’un air entendu.

— Je connais parfaitement Paris. J’aime cette ville. J’y suis né, et mon père avant moi. Je l’ai parcourue en tous sens pour des affaires de police criminelle. Je connais ses faiblesses et ses vaillances… Cher comte, si quelque jour affaire changeant le sort des hommes venait à se produire, c’est de Paris que viendrait la chose.

Nissac, en un geste totalement inattendu de sa part, passa son bras autour des épaules du policier et l’entraîna à marcher.

— Le gouvernement des hommes par les hommes, le droit contre la force, la justice contre l’arbitraire, la liberté contre la servitude…

— La république contre la monarchie, les idées nouvelles contre le féodalisme. Il faudra bien un jour s’organiser en sociétés secrètes, nous reconnaître à certains signes, dépasser nos frontières car l’homme est partout semblable en tous les pays du monde…

Les deux hommes s’immobilisèrent et échangèrent un long regard qui scella à jamais leur amitié, celle qui unit deux cœurs purs et généreux en un but dépassant leurs pauvres vies.

Cet instant merveilleux fut difficile à surmonter, tant il ouvrait de rêves sur un avenir radieux mais il le fallait pourtant : en ce mois de mai 1652, à Paris, on vivait sous la domination de la Fronde.

Jérôme de Galand prit l’initiative :

— Paris est ville frondeuse, mais elle se trompe de révolte. En attendant, cette ville a longue mémoire et n’oublie rien. Ainsi, la façon dont le prince de Condé, alors au service du roi, l’assiégea. Ainsi encore la faim, le carnage de la bataille de Charenton, le massacre des prisonniers… Cher ami, le 12 avril, le parlement reçut monsieur le prince de Condé avec extrême froideur. Le 23 de ce mois d’avril, une assemblée de notables parisiens refusa l’union avec les princes, acceptant tout au plus de députer au roi pour lui demander de bannir Mazarin, sachant que Louis le quatorzième n’accepterait jamais. Le même jour, qui n’était point faste pour monsieur le prince de Condé, il fut reçu très mal par la chambre des comptes et la cour des Aides. Peu après, monsieur le prince, mal inspiré, ordonna à ses agents de mener tapage en les rues et, avec l’aide du peuple aveuglé, d’apeurer les bourgeois et les représentants de la ville… mais ceux-là ne pardonneront jamais eu égard à la peur qui fut la leur.

Le comte de Nissac écouta avec grand intérêt, mais une chose, cependant, échappait à son entendement :

— Je ne comprends point : si la ville n’aime point le prince, que ne le rejette-t-elle ?

Galand soupira :

— Elle n’aime point le prince mais a de l’affection pour Gaston d’Orléans. C’est toute la complication de la situation.

— Je comprends mal.

— Gaston d’Orléans est toute indulgence envers les Parisiens. Il est même faible, et donc très populaire. Malheureusement, il n’est point le meneur de la Fronde et suit monsieur le prince, sans doute par faiblesse, une fois encore.

— Ne peut-on susciter opposition entre le prince et Gaston d’Orléans ?

— On ne peut agir de l’intérieur. Pour la Fronde, ses puissants seigneurs, ses armées, nous ne sommes rien. Mais en ruinant ses opérations, en comptant sur le prince pour se rendre impopulaire et sur le roi revenu près de Paris, nous pouvons espérer hâter les choses.

— Au moins servirons-nous à cela ! répondit Nissac.

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